Écrivain de SF américain(16 décembre 1928 – 2 mars 1982)

Comme pour beaucoup d’écrivains et artistes, Philip a eu une vie plutôt mouvementée. Né avec une sœur jumelle, cette dernière décède en vas-âge dû apparemment à un manque de soins alimentaires. Il grandira avec un sentiment de vide dû à son absence, ainsi qu’avec une certaine colère envers ses parents pour leur négligence. Il souffrait également de vertiges et fut diagnostiqué schizophrène (diagnostique qui sera remis en cause par la suite). Il grandira de manière assez instable, notamment à cause de l’absence de son père qui coupa les ponts après son divorce. Il se passionnera pour la musique symphonique, ainsi que pour des écrivain tels que Edgar Poe ou Lovecraft.
C’est en 1952 qui se lance dans l’écriture professionnelle, sur les conseille de son épouse Kleo. Evidemment, ses débuts sont difficiles et passent presque inaperçus. Afin de tenir un rythme d’écriture infernal, il se met à prendre toutes sorte de substances, dont des amphétamines, qui dégradent peu à peu sa santé mentale. Dépression, paranoïa… s’y ajoute la pauvreté car la science-fiction est alors passée de mode. Côté sentimentale, c’est échec sur échec, dépression sur dépression.
Mais grâce à son roman Le maître du haut château, il commence enfin a avoir le succès qu’il espère tant. Malheureusement cela ne dure pas, et suite à un énième échec marital, il se retrouve seul et se met à se droguer. Il écrira alors Substance Mort. La suite ne sera qu’une suite d’événements chaotiques, un cambriolage qui ravive sa paranoïa, des internements refusés, d’autres réussi, puis des rechutes… Il mourra d’une défaillance cardiaque, quelques jours seulement avant la sortie de Blade Runner, le film adapté des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Ce cher Philip fut donc l’un de ces écrivains torturé, qui passa presque toute sa vie dans la pauvreté et l’anonymat. Mais qu’en est-il de son oeuvre ? Il est en effet aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grand écrivans de SF, celui qui a apporté tant de choses à la culture littéraire et cinématographique du genre. Il n’y a qu’à voir le nombre d’adaptations de ses œuvres :
1962 : Out of this World (saison 1, épisode 4), Impostor, d’après la nouvelle éponyme Impostor, (1953)
1982 : Blade Runner de Ridley Scott, d’après le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968)
1987 : Proini Peripolos (Morning Patrol), adaptation grecque de l’univers de Philip K. Dick, mélangeant plusieurs de ses œuvres (Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, etc.)
1990 : Total Recall de Paul Verhoeven, d’après la nouvelle Souvenirs à vendre (We Can Remember It for You Wholesale, 1966)
1990 : Megaville, film indépendant de Billy Zane, d’après le roman Substance mort (A Scanner Darkly, 1977)
1992 : Confessions d’un barjo de Jérôme Boivin, d’après le roman éponyme (Confessions of a Crap Artist, 1975)
1995 : Planète hurlante (Screamers) de Christian Duguay, d’après la nouvelle Nouveau Modèle (Second Variety, 1953)
1998 : The Truman Show de Peter Weir, d’après le roman Le Temps désarticulé (Time Out of Joint, 1959)
2002 : Impostor de Gary Fleder, d’après la nouvelle éponyme (Impostor, 1953)
2002 : Minority Report de Steven Spielberg, d’après la nouvelle Rapport minoritaire (The Minority Report, 1956)
2003 : Paycheck de John Woo, d’après la nouvelle La Clause du salaire (Paycheck, 1953)
2003 : Natural City adaptation coréenne, d’après le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968)
2006 : A Scanner Darkly de Richard Linklater, d’après le roman éponyme (A Scanner Darkly, 1977)
2007 : Next de Lee Tamahori, d’après la nouvelle L’Homme doré (The Golden Man, 1954)
2009 : Planète hurlante II (Screamers: The Hunting)2009 : Flow my tears, the policeman said, film britannique à petit budget, d’après le roman éponyme Coulez mes larmes, dit le policier (1970)
2010 : Radio libre Albemuth (film) de John Alan Simon, d’après le roman éponyme (1976)
2011 : L’Agence (The Adjustment Bureau) de George Nolfi, d’après la nouvelle Rajustement (Adjustment Team, 1954)
2011 : Beyond the Door, court métrage de Matthew Mandarano, d’après le roman éponyme Beyond the Door (1954)
2012 : Total Recall – Mémoires Programmées (Total Recall) de Len Wiseman, une deuxième adaptation de la nouvelle Souvenirs à vendre, après la première du même nom
2013 : The Pipers, par Ammar Quteineh2013 : The Crystal Crypt, court métrage de Shahab Zargari, d’après le roman d’essai éponyme (The Crystal Crypt, 1954)
2015 : Minority Report, série TV de 7 épisodes diffusée depuis le 21 septembre 2015 sur le réseau télévisé américain FOX2015 : The Man in the High Castle, une mini-série produite par Ridley Scott pour la plateforme VOD d’Amazon d’après Le Maître du Haut Château
2016 : Passengers de Morten Tyldum d’après la nouvelle Le Voyage gelé (1980).
2016 : Electric Dreams: The World of Philip K. Dick de Bryan CranstonSérie en cours de développement dans la lignée de Black Mirror, prévue pour une dizaine d’épisodes qui seront des adaptations de nouvelles de Dick.2017 : Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve
Bon, dans tout ça il y a de l’adaptation plus ou moins fidèle et de simples inspirations ( je pense notamment à Passengers, inspiré du Voyage gelé ).
Ce qui fascine dans l’oeuvre de K. Dick, notamment dans ses nouvelles, ce sont les univers qu’il met en place. Des sortes de réalités parallèles, qui au fur et à mesure qu’on le lit, deviennent familières. Il y a cette réalité où l’Allemagne nazie et le Japon ont gagné la guerre et se partagent le monde; celle où les humains craignent et font la chasse à de nouvelles races d’humains apparues spontanément, plus performantes et dotées de pouvoir psy qui les rendent supérieurs; il y a celle où la guerre a tout ravagé et où des poches d’humains vivent encore dans des bunkers tandis que des usines autonomes continuent de tourner en produisant parfois des choses incongrues ou inutiles; celle où la colonisation s’étant bien au-délà d’Alpha du centaure et engendre des conflits de colonies…Bref, vous l’aurez compris, K. Dick a su créer toutes sortes d’univers différents, où peuvent se ranger plusieurs de ses nouvelles, certaines faisant parfois le pont entre plusieurs réalités.
C’est pour ça que pour commencer à lire ce grand monsieur, je vous conseille vivement de débuter par ses nouvelles ( choix personnel ) :
– Le voyage gelé
– Immunité
– Le dernier des maîtres
– Un vaisseau fabuleux
Ces quatre recueils sont pour moi les meilleurs. Ubik et Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques sont d’excellents romans, mais dont on ne peut saisir complètement le sens et certaines allusions qu’une fois qu’on connait bien l’oeuvre globale. De plus certaines lectures peuvent se révéler assez ardue car très capillotractées ( je pense à Ubik notamment, qui ne prends du sens que dans le tout dernier chapitre ).
Voilà ce petit tour de focus sur Philip K. Dick. Evidemment, il y a encore beaucoup BEAUCOUP de choses à dire, notamment sur ses obsessions qui se retrouvent dans ses écrits, ses thèmes de prédilections, ses réflexions sur la réalité, etc… Mais le but de ces petits focus reste d’être assez court et de simplement vous pousser à vous intéresser à ces œuvres. Donc, FONCEZ !
Dans mon écriture je m’interroge sur l’univers, je me demande à voix haute s’il est réel, et je me demande si nous le sommes tous.
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