Jean-François Laguionie

Résumé personnel : Dans un immense désert, la jeune Gwen vient d’arriver dans une nouvelle tribu, où elle se lie d’amitié avec un garçon un peu simple. La nuit, le terrible Makou rôde en abandonnant derrière lui quantité d’objets insolites. Baignoires géantes, téléphones miniatures ou peignes de la taille d’un homme, personne ne comprends ce que sont ces objets ni pourquoi le Makou les sèmes ainsi. Une nuit, ils décident tous les deux de transgresser l’interdit et de sortir hors du refuge. Le Makou emporte le jeune garçon, et Gwen se voit forcée par la grand-mère de ce dernier de partir à sa recherche, afin de prendre sa place. C’est le début d’un long périple, qui va les mener jusqu’à la dernière cité, là où le Makou sommeil, et où les restes d’une société ignorante prie chaque jour le livre saint : le catalogue des manufactures de France.
Mon avis : Jean-François Laguionie est un homme qui a beaucoup d’humour et qui s’en sert pour parler de sujets plus ou moins graves. Ici, en dehors du traditionnel périple qui symbolise le passage à la vie d’adulte, il nous dépeint avec beaucoup de finesse une société qui a tous perdu, même la mémoire de ce que c’était « avant ». Deux frères, ersatz de prêtres en peignoirs et robe de chambre, vouent un culte au dernier livre qui a survécu à l’apocalypse, c’est à dire un catalogue de vente par correspondance. Ce livre sain, ils vont en chanter les versets tandis que des dizaines de personnes le copieront, minutieusement, telle la Bible du futur. Une brillante critique de la religion, donc, et de sa dévotion aveugle aux saintes écritures.

Le film est très beau, les peintures ont un aspect poudré qui colle merveilleusement bien au désert. Côté musique, on a le droit à pas mal de violoncelle, instrument très apprécié du réalisateur.
L’animation peut surprendre, car elle utilise une technique particulière. Les fond sont de grandes toiles peintes, puis au fur et à mesure que l’on se rapproche du premier plan les décors sont de plus en plus petit, jusqu’aux personnages en papiers découpés. Tout ceci est filmé du haut de grands échafaudages et le résultat donne une animation qui certes, n’est pas toujours très fluide, mais qui rends l’effet que chaque plan est un tableau à lui seul.

Je pense qu’on peut le montrer à des enfants assez jeune, 7 ou 8 ans, car le premier niveau de lecture du film (la quête de Gwen pour retrouver son ami) est facilement compréhensible et accessible. Mais je le conseille aussi aux adultes, pour tout ce second niveau de lecture qui est très intéressant à analyser.

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