Dagon

Howard Philips Lovecraft
(édition de mars 2003 – traduit par Paule Pérez)
Horreur-Fantastique

Indicible et innommable, l’horreur est partout. Une menace universelle, aux dimensions démesurées du cosmos : dans la brume entourant les falaises de Kingsport, dans une vieille maison solitaire qui entre en résonance avec l’au-delà, dans le cadre rassurant de l’université Miskatonic d’Arkham, où le docteur Herbert West réanime les morts… Mais aussi en d’autres temps, d’autres lieux : au plus profond des abysses marines, antre du terrible dieu Dagon ; à Ulthar, où règnent en maîtres les chats ; au grand temple d’Ilarnek, dans lequel les hideux servants de Bokrug, destructeurs de la ville de Sarnath, adorent encore aujourd’hui leur idole impie…Trente nouvelles d’effroi et de poésie ténébreuse, trente terribles révélations sur les secrets que dissimule la réalité.

 » Dagon et autres nouvelles de terreur est un livre précieux, car il représente en quelque sorte la pierre sur laquelle repose en équilibre instable la pyramide inversée des autres œuvres ! Il contient la première et la dernière nouvelle écrite par Lovecraft : La bête de la caverne et Le clergyman maudit, c’est-à-dire l’alpha et l’oméga de la création lovecraftienne, en passant par ces fragments sauvés par chance de la destruction, fragments de la mémoire, du sommeil, des rêves, bref, de l’univers fantastique par excellence… Voici enfin venu le moment de lire ce recueil de nouvelles, allant de 1905 à 1937, le temps d’une vie, le temps d’une création, d’un univers. Elles nous semblent, par leur brièveté, leur force, comme la confession la plus intime de leur auteur, comme le témoignage ultime de celui qui les a engendrées. « 

1 – Dagon (Dagon)
2 – Herbert West, réanimateur (Herbert West: Reanimator)
3 – La Quête d’Iranon (The Quest of Iranon)
4 – Celephais (Celephais)
5 – Polaris (Polaris)
6 – La Malédiction de Sarnath (The Doom That Came to Sarnath)
7 – Le Bateau blanc (The White Ship)
8 – Les Chats d’Ulthar (The Cats of Ulthar)
9 – De l’au-delà (From Beyond)
10 – Le Temple (The Temple)
11 – L’Arbre (The Tree)
12 – Les Autres dieux (The Other Gods)
13 – L’Alchimiste (The Alchemist)
14 – La Poésie et les dieux (Poetry and the Gods)
15 – La Rue (The Street)
16 – Horreur à Red Hook (The Horror at Red Hook)
17 – La Transition de Juan Romero (The Transition of Juan Romero)
18 – Azathoth (Azathoth)
19 – Le Descendant (The Descendant)
20 – Le Livre (The Book)
21 – La Chose dans la clarté lunaire (The Thing in the Moonlight)
22 – Hypnos (Hypnos)
23 – Le Festival (The Festival)
24 – Prisonnier des pharaons (Imprisoned with the Pharaohs)
25 – Lui (He)
26 – L’Étrange maison haute dans la brume (The Strange High House in the Mist)
27 – Dans les murs d’Eryx (In the Walls of Eryx)
28 – La Bête de la caverne (The Beast in the Cave)
29 – Le Clergyman maudit (The Evil Clergyman)
30 – La Tombe (The Tomb)

Mon avis : Point de résumé personnel pour ce recueil de nouvelles car il y aurait bien trop à dire, sur des nouvelles parfois trop courtes, trop indicibles pour qu’on puisse les résumer. Je tiens tout d’abord à vous présenter un avertissement : ce billet sera exempt de toute impartialité, car Lovecraft est mon auteur favori. Loin d’être parfais, il reste pour moi mon « maître » d’écriture, celui dont le portrait orne le haut de mon bureau afin qu’il me surveille durant mes longues heures à taper sur mon clavier. 
Mais alors, que puis-je vous en dire ? Tout d’abord, essayez d’oublier tout ce que vous pensez savoir de lui. Que vous inspire le nom de Lovecraft ? Réponse courante : Cthulhu ! C’est bien, maintenant vous prenez ce nom, vous le rangez dans un coin poussiéreux de votre mémoire, et vous tâchez de l’oublier quelques temps. Résumer Lovecraft à Cthulhu, cet être venu de par delà les dimensions, au corps anthropomorphe surmonté de deux grandes ailes de chauve-souris et à la figue de pieuvre (qui n’apparaît vraiment que dans une seule nouvelle), c’est vraiment pauvre face à toute la complexité  de l’oeuvre du maître. 
Lovecraft, comme beaucoup d’écrivains de nouvelles, a su créer à travers ces fragments d’histoires un univers complet, voire plusieurs, même. On y retrouve notre monde, dans le passé ou le présent, les très vastes contrées du rêves, et toutes les zones qui relient les deux. Certaines nouvelles sont très sombres et inquiétantes, d’autres sont au contraire très poétiques. 
« Dagon et contes macabres » est une très bon livre pour commencer à découvrir ces mondes. Les nouvelles qui y sont rassemblées sont très diverses et permettent de se rendre compte de l’étendu du talent de l’auteur. Ça sera un très bon moyen aussi pour vous de voir si son style vous plaît, car Lovecraft avait une manière de construire ses histoires un peu particulière. L’horreur est indicible, les monstres cachés dans l’ombre et les souvenirs se perdent dans la folie. 

Autre chose avant de vous lancer : les traducteurs. Ces dernières années, il y a eu toute une vague de retraduction des œuvres de Lovecraft, et personnellement je n’adhère pas du tout aux nouvelles. 
Exemple (tiré de Dagon) :
 
traduction de Paule Pérez – 2003
 » C’est dans un état bien particulier que j’écris ces mots, puisque cette nuit je n’existerai plus. Je me trouve sans le sou, au terme de mon supplice de drogué qui ne supporte plus la vie sans sa dose, et je ne puis endurer plus longtemps ma torture. Je vais sauter par la fenêtre, m’élancer dans la rue. Il ne faudrait surtout pas croire que la morphine, dont je suis l’esclave, ait fait de moi un être faible ou dégénéré.Lorsque vous aurez lu ces quelques pages hâtivement gribouillées, vous ne vous étonnerez pas – encore que vous ne pourrez jamais le comprendre parfaitement – que je me trouve devant cette unique alternative : l’oubli ou la mort.  » 

traduction François Bon – 2016
 » Ce qui suit, je l’écris dans un état mental encore passable, même si demain je n’existerai plus. Sans plus d’argent, et au bout de la réserve de drogue qui seule me rend la vie supportable, je ne peux endurer cette torture plus longtemps et dois me jeter moi-même de la fenêtre de ma mansarde, au-dessus de cette rue ignoble. Ne déduisez pas de ma dépendance à la morphine que je suis un être faible ou dégénéré. Quand vous aurez lu ce pages hâtivement griffonnées, vous pourrez imaginer, même sans le savoir vraiment, ce qui me contraint soit à l’oublie soit à la mort « . 

Tout est question de goûts, évidemment, mais je trouve que la version de Paule Pérez a bien plus de force et de pêche que la version de François Bon. Cette différence se trouve surtout sur la dernière phrase, qui se termine de manière sèche et brutal pour le premier, et qui vient mourir lentement dans la seconde. 

Donc voilà, pour résumer si vous voulez commencer à lire Lovecraft, voici mes conseilles : 
– Commencez par Dagon et terminez par La quête onirique de Kadath l’inconnue ( ouvrage à lire absolument en tout dernier, j’y reviendrais dans un autre billet)- Prenez de préférence des anciennes éditions, les nouvelles ont un style de traduction un poil plus plat et mou. 
Pour ce qui est de Lovecraft lui-même et de son oeuvre en général  je ferai un billet à part, avec des suggestion de lecture pour en apprendre plus sur l’auteur. 
Je vous laisse sur une citation de ce grand homme qui résume bien son univers, à mon sens ( en anglais, of course) : 
Wise men have interpreted dreams, and the gods have laughted. 

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